Quand la liberté guidait le peuple et éclairait le monde

Le radeau de la Méduse affronte la prochaine vague. Chasse-mouche. Drapeau blanc sur Alger. Smala. Portes de fer. Enfumades. C’est la liberté qui guide le peuple. Elle le mène là, tout au fond, au fin fond du fond de la rue Transnonain. Misérables. Par-dessus les mines de charbon, le moloch de l’industrie et la poussière des ateliers, brille la rouge promesse au cabaret de l’espoir. Banquets. Barricades. Bulletin de vote. Et le 2 décembre déroule son tapis de sueur de sang qui perle des deux os en croix surmontés du casque à pointe de Sedan.

Vous n’aurez pas l’Alsace ! la Lorraine ! Paris affamé bouffe du rat lors de cette année terrible couverte par le cri du peuple : « Vive la Commune ! » Une aurore ? Un crépuscule ? Nos poitrails rimaillent avec la mitraille au grand soleil d’amour chargé à travers Paris insurgé. Sont-elles pas merveilleuses nos pétroleuses aux doigts de bronze ? Au bout de la sanglante semaine c’est Jeanne-Marie qu’on attend mais c’est Marianne qui vient siffler les cerises au pied du mur.

D’austères messieurs barbus et ventripotents montent à la tribune. Leur liberté éclaire le monde. Tour Eiffel. Ferry-Tonkin s’écroule dans le désastre de Lang-son. Affront de Fachoda. Mise en valeur des taches roses. Bordereau Dreyfus. Zola j’accuse. Fourmies Carmaux. Groupons-nous ! Demain ! Lutte finale ! C’est une belle époque cocardière qui n’en parle jamais ! Ligne bleu horizon. Y pense toujours ! Revanche ! Patriotique joujou. Mais l’emprunt russe ? Le péril jaune ? Grands ducs. Sonnant ! Trébuchant !

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