Je me souviens qu’au fond de la grange, immense, à peine éclairée par une petite fenêtre de toit, la lumière traçant de longues raies obliques dans un scintillement de poussière, là nous prîmes plaisir à deux ou trois, par un après-midi d’été sans doute, à chasser un moineau égaré là, qui voletait dans les hauteurs, affolé, cherchant l’issue, piaillant, notre frénésie rigolarde à le pousser dans un angle du toit à l’aide d’une longue gaule à noix, à le serrer puis à l’acculer tout à fait, les vibrations de son vol désespéré au bout de la perche de bois, et comme nous appuyions notre arme contre son corps de plumes les ondes des palpitations de son cœur se communiquaient par les fibres ligneuses à nos doigts, nous emplissant d’une volupté sauvage et tumultueuse, jusqu’au dernier raidissement suivi de l’exacte sensation d’un plongeon dans l’abîme.
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