Vois-tu ces beaux fruits étranges qui des arbres tombent
Dans la claire soupière de leurs banquets de sorcières ?
Ce sont nos corps en poussière de héros sans tombes
Que l’on vend puis rejette loin de la Terre amère
Entre l’écran des fumées et les vents de charité
Voici nos avatars qui se balancent dans l’air
Tout suffocants d’effets de serre sursaturés
Et de cendre qui vole à travers l’âpre désert
Durement poussés aux bûchers des fléaux sociaux
Nous allumerons les algorithmes de la peine
D’un feu qui transpercera les marchés mondiaux
Jusqu’au fond de la gueule de la puissante Géhenne
Quand l’eau altérée chante la chanson de la soif
Et commande à boire son dernier verre en plastique
C’est la mer d’asile qui nous submerge et décoiffe
Les lois de l’accueil de mille slogans sarcastiques
Sous le ciel de nos vies envoûtées vont et viennent
Les vaines envies des laissés pour solde de tout compte
Du reste à charge de nos rouges et vieux rêves de chiennes
Couchées sur le seuil des rentabilités ̶ et de la honte
Aux pullulants les maigres rafiots de la débine
Aux aliénés la planète bleue reconnaissante
Aux exilés la danse en cadence sur les ruines
Aux superflus l’extinction des masses indécentes
Où sont donc les abeilles envolées dans le ciel ?
Là où coule le lait coulera le miel, dis-tu.
De l’Arcadie goutte à goutte l’espoir carcanciel
Du chaos au cosmos quel point de mire vises-tu ?
Entre l’utopie et l’apocalypse de la nuit
Quelle est cette sombre étoile géante qui brille au loin
Sinon le noir soleil de la mélancolie
Qui se lève dans le soir et se croit déjà le matin ?