L’aventure du vivant

À la fin il va quand même falloir dire « je ». En attendant, la nuit, bien à l’abri sous mon casque, de vieilles rengaines sentimentales en langue anglaise me reviennent à travers les dix-mille mailles du réseau en écho de l’adolescence, à la manière de roses depuis longtemps séchées, exhalant encore le souvenir de senteurs de shit, d’images auréolées d’acide ou plus si affinité vers l’aiguille et les dégâts occasionnés. Mais peut-être est-ce une pub ? Il est vrai que je suis né au fond de la fosse de Babel. Un vrai monde de chiens. Moi, je serais volontiers resté blotti au creux du temps. Bien au chaud. Or, c’est désormais dans la touffeur du réchauffement planétaire que j’étudie entre autres les gamètes du hasard qui m’ont conduit ici, la solution finale et le cas Eichmann, la bombe qui ne cesse toujours pas de planer au-dessus de nos têtes, la mort suspecte de Marilyn Monroe, l’érection du mur au milieu de la ville, le vol de John Glenn, etc. Bien sûr, je suis à peu près assuré de dîner ce soir. Et même mes ongles et mes cheveux continuent de pousser.

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