S’éveillant des torpeurs de la nuit, ou alors coulant dans le sommeil, en continu durant le jour, ils écoutaient entre le café et leurs lasagnes surgelés, au travail, au lit ou ailleurs, ils les voyaient venir à eux derrière leurs écrans, tel le pare-brise des routes de leur enfance vers les vacances, sur lequel s’écrasaient les insectes en contrejour dans le soleil couchant : 15 septembre, 38 dans un bombardement à Alep (Syrie), dont 14 enfants, 22 dont 4 enfants dans le naufrage d’un bateau de migrants au large des côtes du sud-ouest de la Turquie, 17 septembre, 3 à Ouagadougou (Burkina Faso) lors de troubles liés au coup d’État, 14 par attentat sur un marché de Bagdad (Irak), 1 électrocuté sur le site du tunnel sous la Manche (France), 1 abattu par la police à Berlin (Allemagne), 18 septembre, au moins 17 dans une attaque des talibans contre une base aérienne à Peshawar (Pakistan), au moins 15 dans un combat entre groupes armés au Mali, 19 septembre, 1 accidentellement tombé de la statue de la République à Paris (France), 20 septembre, 30 dans un raid aérien (Syrie), au moins 54 dans les attentats de Maiduguri (Nigeria), 24 septembre, 769 dans une bousculade à la Mecque (Arabie Saoudite), 27 septembre, 17 dont 1 femme et 5 enfants noyés suite au naufrage de leur embarcation (Turquie), 1 retrouvé dans un camion près de Calais (France), 131 suite au bombardement d’une fête de mariage (Yémen), 29 septembre, près de 40 à Bangui (Centrafrique) depuis le samedi précédent, 7 à Liuzhou (Chine) dans une série d’explosions criminelles – et caetera desunt. Autrefois la mort était une interruption. Si elle se met à couler comme la vie, comment finirons-nous par les distinguer ?
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