Le livre est mort vive le texte

Au milieu du chemin de notre vie la voie droite s’était perdue. Il ne nous restait plus qu’à errer dans la forêt des grammata. Le 23 mars 1945, Martin Heidegger écrit à sa femme Efride : « Le livre sur Platon auquel je pense pour toi devra bien se réaliser. » Nous vivons toujours plus ou moins en 1945. De préférence entre le printemps et l’été. Mais c’est une autre histoire. La question présente est qu’un métaphysicien de la trempe de Heidegger pense sa pensée en livre. Un objet fait de main d’homme avec du papier et de l’encre. Un produit de la technique. Comment la sortie de la pensée hors de l’intériorité peut-elle échapper à son empreinte technique ? Par l’oralité. Or, c’est désormais la matière informatique qui commande. Sans doute est-il temps de dire adieu au livre. Le texte flottant au-dessus d’une nappe de zéros et de uns qui le tiennent bien serré dans son filet. On ne serait pas en train de nous faire le coup du livre avalé, par hasard ?

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