Triptyque de la consolation – Scène 40/62

Chaque quinzaine, un nouvel extrait de Triptyque de la consolation :

Photo de L'Homme qui marche de Giacometti

… aux environs de la trente-troisième semaine …

« C’est alors que, bien à l’abri dans l’enveloppe matricielle, ma peau jusqu’alors plissée et translucide se couvre d’un vernis cireux, blanchâtre. Je suce mes doigts. Je bois le liquide. Mes cheveux et mes ongles poussent. Mes os aussi, leurs extrémités pivotent dans leurs capsules cartilagineuses, mes muscles gonflent. Je me couvre même des pieds à la tête d’un fin duvet. Mes paupières se bordent de cils blonds. J’ouvre les yeux dans le noir. Je les referme. Noir extérieur. Noir intérieur. Aux environs de la trente-troisième semaine de la procréation, quand j’entends leurs voix venues d’au-delà je gigote et tambourine à la paroi. Je ris. Puis je dors. Je rêve. À quoi ? Que je marche. »

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