Sur la bande des actualités des âges obscènes, je revois les assassins de sang froid dans la ferme isolée du Connecticut. Je revois le bouclier d’Achille. L’icône d’Andreï Roublev. Je revois le jeune conscrit français au crâne rasé, qui s’enfonce la nuit hors du camp dans les broussailles d’un vallon des Aurès, en poussant devant lui une silhouette désignée pour la corvée de bois. En mémoire de la peste, amenez vos morts et que le festin continue ! Tentant de répondre à l’hallucinante énigme : — se divise-t-il en – – ou bien – – se rassemble-t-il en — ? Si un se divise en trois alors la tierce rime chante Adam et Ève chassés du Paradis. Sur le bûcher des inquisitions muettes, ne te laisse jamais rattraper par le démon griffu des sciences humaines. Où étais-tu Ahasvérus, à Pâques de l’an 1300 ? Tu ressassais de vieux slogans : « Le rabot passe, les copeaux volent ». Souviens-toi, les effets norias de la mémoire déversent dans l’après-midi du 8 juin 1972 l’image d’une petite fille brûlée au napalm, courant nue sur la route de Trang Bang. Ce jour-là c’est au Viêtnam – le pays d’où l’on ne revient jamais –, que la vérité advint. Puis, au mois de décembre 1923, Ossip Mandelstam interviewe Nguyên le patriote :
— Quelle est la question qui n’a pas été posée ?