Chaque quinzaine, un nouvel extrait de Triptyque de la consolation qui vient de paraître :
« Filiforme, funambule, bras au corps, il s’avance. Légèrement penché dans le merveilleux déséquilibre, ses deux pieds s’évasent lourdement vers le socle, l’un déjà replié. Plus maigre que maigre, sombre et crevassé, tout droit sorti de ce feu noir qui brûle sans consumer ses proies. Glaise. Bronze. Il imprime sa fourche chinoise contre le bleu du ciel. Il est L’Homme qui marche. Mais, qu’est-ce exactement qu’un homme qui marche ? Noir. Jour. Une chute perpétuelle. Il lance alternativement vers l’avant une hanche puis l’autre, toujours un pied sur terre, tic-tac, tic-tac. La jambe en appui pivote sur l’axe de la cheville et, au moment où elle bascule vers l’avant, le second membre avance et relaie le premier. Swings his arms. Hold up his head. Left. Right. Left. Right. Lorsque la jambe est verticale, le centre de gravité atteint sa hauteur maximale. Ainsi s’avance le plus commun des mortels. L’homme qui marche. Son nom ne sera pas répété. Sauf une fois peut-être. Vivant médium à la tête aveugle maintenue bien droite, ayant éradiqué la plupart des autres espèces animales, désormais changé en multitude pullulante, il s’arrache d’ici vers demain.»