Sous le soulier de Satan

Souvenez-vous : tous ces types autrefois accoudés au comptoir dans l’attente de l’accident cardio-vasculaire. Des tigres aux pieds d’argile. Des colosses en papier. La théorie des dominos dominait alors. C’était au temps d’avant le quartz. Jamais l’aiguille d’une horloge ne couchait deux fois dans le même lit. Au petit matin, l’ouvrier s’enfonçait vers ses « trois huit » dans la fumée des Gauloises qui emplissait sa vieille DS. Toutes choses étaient par ailleurs égales, l’avenir s’annonçait d’un gris ingrat. Mais tout de même – pour complément d’enquête – on était moderne.
Tout cela a bien changé. La Direction des étrangers est désormais heureuse de vous accueillir. C’est écrit : « Code bon. Patientez. » En bordure du périphérique, un migrant gratte un ticket de la Française des jeux. Une fois. Deux fois. Trois fois. Au sortir de leur stage d’employabilité, les mères porteuses sont invitées à s’initier à l’AK 47. À la fin, l’histoire est peuplée de génocides. Lui se contente de prononcer :
— J’ai soif !
Et dire qu’il y en a qui espèrent encore le quart d’heure de célébrité promis. Pourtant, si le pire n’est pas toujours sûr il suffit simplement de se tenir en équilibre sur la poutre de gloire et de se redresser sous le clair soleil de satin blanc.

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