Souviens-toi encore de la voie oubliée qui mène direct du foie de mouton sacrifié au lotissement du ciel. Du ventre des animaux aux signes du zodiaque cloués là-haut, ton destin projeté des quatre quartiers sur les astres errants qui sans cesse reviennent dans les douze cercles des années, des mois et des heures. Maman, pourquoi les bêtes vont-elles aux constellations ? Le chien. La baleine. La grande ourse. Le crabe. Le bélier fertile, le taureau puissant, le cancer – ce crabe du pauvre – le lion superbe, le scorpion venimeux, le sagittaire bavard, le doux capricorne et les sonores poissons. Pourquoi ? Au commencement le chasseur tue l’animal et l’ouvre comme un livre, à la recherche de sa signature. Son tag. Des fois que la bête lui aurait été destinée de toute éternité. Depuis l’Éden au moins. Et maintenant, suis le chemin qui bifurque : « Si les deux amères chevauchent les eaux c’est présage de Gilgamesh » est-il écrit. Oui, comment les animaux vont-ils aux astres ? À l’aide des dix-mille signes du catalogue, oriente-toi. De l’anus au soleil, seul l’œil voit. Et même les deux. Alors que nous n’avons qu’eux pour pleurer. Voici les larmes des choses. Écoute comme elles rendent un son mat et désespéré, couleur vert-de-gris, quand elles gouttent à goutte du firmament avec la rosée du matin et qu’elles s’enfoncent dans les entrailles des bœufs immolés sur les autels des abattoirs, en une lamentable ritournelle, aux hommes les viandes, aux dieux les os et la graisse qui montent en fumée dans les airs, telle une plainte continuelle, tout cela pour te dire que c’est bien toi qui es là, face à toi-même, dans le miroir de ta salle de bain. Mais t’inquiète, tu verras, à la fin tout s’arrangera.
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