La guerre perpétuelle – septième épisode : un sonnet boiteux

À toutes ces ombres, à tous ces crépuscules, à toutes ces pierres dressées contre le gris du ciel, à toutes ces bougies dans le vent, à toutes ces cloches fêlées sous la mer, je dédie ce boiteux sonnet :

Si les mots quelque chose encore ont à redire
Voici la belle sentence vers laquelle tu lorgnes
Entre l’humilité de la bouche en délire
Et l’orgueil sans rime du poète à l’œil borgne.

Écartant nos vastes paumes au vent des psaumes
Nous nous retournons au fond de nos fantaisies
Sans plus de science qu’une danse de mômes
Ou bien une prière de barbare en fatrasie.

T’auras passé toute ta vie en vaines fables
À égrener la pure ivraie des grammata
et traire la vérité nue d’un rêve de sable.

Car ce n’est pas la beauté qui sauve le monde
Mais l’obscure bonté qui bouclera la ronde
en écho à la question que tu ne posas pas.

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